Il arrive que je poste sur mon blog des articles en rapport avec des projets radiophoniques. En voici les dernières entrées correspondantes. Je vous invite bien sûr à lire ces billets dans leur environnement naturel, afin d'y laisser des commentaires !
Comme chaque année, en août c’est Utopie Sonore. Et cette année, truc de fou, on s’est lancés le défi de faire 48 heures de radio non stop. C’était drôle, passionnant, épuisant, émouvant… Avec Théo du cri de la girafe, on s’est défoncés, en s’impliquant sur tous les aspects avec nos camarades : installation des lieux, mise en place du plateau, du streaming en direct, organisation des émissions, animations, etc.
Évidemment, il fallait finir de mettre ça en réécoute. Grâce aux radios FM qui ont rediffusé l’émission (merci à Radio Campus Clermont et à Canal Sud), on a rassemblé la quasi-totalité des 48 heures. Après un travail acharné d’Anaïs, on a pu retrouver en ligne les principaux moments de ce flux.
Et puis on a préparé l’outil qui permet la réécoute : un lecteur en ligne des 48 heures, sous forme d’un site internet dynamique… Anaïs a proposé le design, et je me suis collé à la mise en œuvre : html, css, javascript. Et voilà : Ruse48, la réécoute.
En plus des petits bonus cachés ici ou là dans le flux, on peut retrouver ma voix dans différentes émissions.
Un petit moment d’improvisation aux grandes lignes convenues avec Anaïs, pour raconter ce qu’est Ruse48, et Utopie Sonore.
Une performance collective issue des expérimentations de l’atelier improvisation mené par Solène.
À Utopie Sonore cette année, j’ai rencontré Julien, un type très chouette au métier qui me passionne : coloriste modèle. 48 heures de radio, ça laissait largement le temps d’une interview !
En arrivant à Pol’n, j’ai eu très envie de faire un portrait du lieu… Pol’n, c’est un espace dont les murs appartiennent à la ville, et où des associations et collectifs font vivre leurs projets. Un léger goût de co-working, de tiers-lieu et d’agile et de disruptif… Vous en voulez encore une louche ?
On trouve sur le site du Collectif Lutte et Handicaps pour l’Égalité et l’Émancipation le manifeste qui porte ses valeurs. Il était tôt le matin, ma lecture n’est pas fluide, mais heureusement Fred Spoutnik offre à nos oreilles une belle improvisation à la guitare…
Nous étions plusieurs à nous intéresser à cette question du validisme, et nos discussions ont mené à la réalisation d’une émission où l’on explore quelques-uns des aspects du validisme, et de la remise en question de la norme en général.
Quand on réunit une bande de passionné·e·s du son autour d’un plateau avec des micros, difficile de se retenir de parler de la voix…
La fiction est souvent considérée comme un exercice périlleux à la radio, même par les gens qui la pratiquent régulièrement. Dans cette émission, on aborde la manière de faire de la fiction, et le plaisir d’en écouter.
Quand on fait de la radio sans interruption pendant 48 heures, en dormant à peine un heure ou deux, on en arrive vite à faire un peu n’importe quoi… Vers 4 heures du mat”, on appelle ça de l’impro !
Un sujet qui pourrait paraître glissant, mais que Solène et les participant·e·s de ce plateau radio ont réussi à évoquer sans gêne ni maladresse. C’était la première émission où j’étais complètement à la réalisation, et j’ai aussi un peu pris le micro, pour parler de gant de toilette.
J’ai eu la chance d’échanger avec Larissa ClementBelhacel sur de son travail de la série Linguistics qu’elle est en train de réaliser.
Anaïs au micro, Fred et jm au micro, et puis Iris à la texture sonore, puis au montage avec Anaïs, pour échanger sur l’aléatoire, le hasard, le chaos, et tout ce qui va avec.
L’audiodescription, c’est quelque chose qui me passionne. Quand Laure me propose d’échanger avec elle sur cette pratique au micro de Ruse48, sûr que je ne dis pas non.
Dans quelques jours, j’organise avec Meddy Escuriet, doctorant en géographie, et Gauthier Fillières-Riveau, doctorant en informatique, un atelier intitulé parcours urbains et cartographies sensorielles, dans le cadre de SAGEO, la conférence francophone en géomatique. Il s’agit d’une certaine manière d’un pont entre les problématiques de recherche déjà explorées autour de la cartographie et des outils multisensoriels pour l’accessibilité spatiale d’une part, et de mes activités autour du son.
Afin de préparer au mieux cet atelier, aux frontières entre géographie et informatique, j’ai repensé à mes lectures passées, et exploré de nouveaux titres. J’ai aussi beaucoup repensé à Gilles Malatray et à son approche de l’écoute de la ville. J’avais eu la chance de participer à une de ses promenades à l’occasion du festival [SONOR] en 2016, et je continue de le lire avec plaisir. Une manière d’investir concrètement la ville, par l’écoute et le son.
Une des approches les plus marquantes sur la question du paysage sonore, c’est bien sûr le travail de Murray Schafer, retranscrites dans un livre récemment republié, dont j’avais parlé il y a deux ans. Ses travaux, qui s’apparentent à une démarche à la fois scientifique et artistique, s’intéressent à la question des paysages sonores, de leur dimension éphémère, évolutive, et propose quelques outils pour les étudier. J’aime particulièrement y retrouver la lecture simplifiée des notions construites par Pierre Schaeffer sur la description des sons.
J’avais parlé il y a peu de Tacet, cette revue de recherche bilingue qui aborde les arts sonores sous toutes ces facettes, proposée par la Haute école des arts du Rhin et Les Presses du réel.
Le numéro trois aborde l’espace sonore. Chacun des articles aborde une partie de l’histoire de l’appropriation de l’espace par les artistes, évidemment en sollicitant Murray Schafer, mais en parcourant aussi tout les mouvements liés aux installations, et à l’occupation de l’espace public. Très riche et complémentaire des travaux présentés dans les autres livres de cette sélection.
Solène Marry est docteur en urbanisme. L’espace sonore en milieu urbain est une édition de ses travaux de thèse, aux Presses Universitaires de Rennes, que je trouve très accessibles, et qui défrichent un certain nombre de problématiques liées au vocabulaire de l’espace public, et à l’importance de la dimension sonore de ces places. Construit autour d’une série d’enquêtes, ce travail questionne notamment la place que l’on donne au sonore dans notre ressenti de l’ambiance des espaces publics. Dans ces enquêtes, on retrouve aussi beaucoup d’interrogations autour des matériaux (minéraux, végétaux) qui alimentent le ressenti de ces places. On y trouve aussi plusieurs exemples de cartes mentales sonores, ce à quoi pourraient ressembler les productions de notre atelier de novembre.
À l’occasion de Longueur d’ondes 2017, j’avais rencontré Mylène Pardoën, qui avait présenté à mon micro son projet de reconstitution sonore du Paris du 18e siècle, pour l’émission sensation. J’ai toujours éprouvé pour son travail une grande fascination, pour sa dimension scientifique et artistique. Les cinq sens de la ville est une promenade parmi les questionnements et problématiques des historiens de la ville et des sens. Mylène Pardoën y parle ici de la musique militaire et de sa place dans la ville. Évidemment, le sonore a pleinement sa place dans ce livre, mais les autres sens sont aussi présents, qui évoquent ainsi la question de l’ambiance et de l’identité de la ville.
Politique, contrôle social, et intimité, XIXe siècle, Paris, Istambul, époque médiévale, musique dans les villes allemandes, on peut lire beaucoup dans notre perception sensorielle de la ville.
Sous-titré « essai d’anthropologie de la construction et de la perception de l’environnement sonore », cet ouvrage aux nombreux auteurs imprimé sur beau papier, et avec une très chouette couverture m’a été suggéré par Meddy Escuriet, avec qui je vais co-animer l’atelier de SAGEO. On y retrouve évidemment un chapitre au sujet du CRESSON, cette équipe de recherche de l’école d’architecture de Grenoble, dont le travail est passionnant. On parle aussi de musique (et de Schafer), mais aussi de paysage sonore alpin, de cartographie sonore, ou d’espace sculpté par le son. Je n’ai pas encore fini de le lire, mais chaque article apporte un point de vue complémentaire et passionnant sur la question, définitivement moderne !
Sous-titré « approches pluridisciplinaires », cet ouvrage édité par les Presses Universitaires de Rennes. Chaque article s’ancre définitivement dans une approche multidisciplinaire, en interrogeant le concepte de paysages sensoriels depuis les sciences humaines et sociales. Là aussi un article de Mylène Pardoën, qui y raconte son projet Bretez. On se promène aussi à Byzance, en Rome ancienne, on écoute les grèves minières du XIXe siècle…
Paysages monosensoriels et plurisensoriels, sensibilité, subjectivité, mais aussi synesthésie. De nombreuses points d’entrée pour sentir la ville…
Depuis deux ans maintenant, j’ai commencé à apprendre beaucoup sur la musique. À part la flûte au collège, et des bidouilles avec FastTraker2 sans lendemain au lycée, je n’avais jamais eu l’occasion de comprendre comment tout cela marchait.
Il y a plein de manières d’apprendre. J’ai bien sûr suivi la voie classique en lisant sur la théorie de la musique. Mais il y avait finalement dans ma pratique des portes plus évidentes.
D’une part, depuis la physique du son, on peut comprendre plein de choses sur les harmoniques, la matière même de la musique, sur la manière de fabriquer des instruments… De ces explorations, j’ai produit un document à destination des enseignant·e·s en mathématiques qui parle de son et mathématiques, et un poster qui raconte ce qu’est le son. Tout cela permet aussi de comprendre plein de choses à la mode, comme le son binaural.
Une autre porte d’entrée naturelle depuis ma pratique vers la musique est le chemin qui part de l’expression radiophonique. Là aussi, au fil de mes explorations, j’ai compris plein de choses, que j’ai tenté de retransmettre régulièrement ici : réalisation d’un conducteur dynamique, utilisation d’un enregistreur, ou encore quelques éléments d’une pièce radiophonique, qui commence à s’interroger sur la manière de construire une émission de radio avec des outils que pourrait solliciter un musicien.
Une dernière porte évidente, c’est la musique electronique. J’en écoute depuis toujours, j’aime énormément lire à ce sujet, et je me suis amusé il y a quelques étés à proposer sous forme de carte mentale interactive quelques éléments de l’histoire de cette pratique musicale. Dans ma pratique d’artisan du son pour la radio, j’ai progressivement affiné ma compréhension des outils informatiques, pour monter, mixer, mais aussi produire du son synthétique. Je racontais ces découvertes il y a quelques temps sur ce blog, en évoquant les logiciels pour le montage son sous GNU/Linux.
Bien sûr, j’ai beaucoup lu sur ces questions, et discuté avec des gens qui font, à Radio Campus Clermont, à Utopie Sonore, et dans plein d’autres endroits aussi. Mais il ne faut pas oublier la puissance des vidéos en ligne, qui permettent de découvrir plein de contenus, souvent très pédagogiques, parfois drôles, toujours enrichissants. Je voulais proposer ici une liste non exhausive des chaînes youtube qui ont marqué mon apprentissage, et le jalonnent encore.
Unfa, c’est grâce à lui que j’ai identifié une grande partie des logiciels que j’utilise au quotidien pour faire du son. Dans ses vidéos, il axe principalement son propos sur la production de musique, mais les approches qu’il présente sont utilisables pour tout type de production sonore.
Voici par exemple une vidéo qui propose un aperçu des logiciels qu’ils utilise :
Au fil des mois, j’ai trouvé sur sa chaîne plein d’exemples très bien illustrés d’égalisation, de compresseurs, d’amplis, de traitements side chain. Une mine d’information, que l’on peut facilement transposer à d’autres logiciels, car Unfa explique soigneusement les choses, et pas uniquement sur l’aspect interface logiciel.
J’avais déjà écrit sur le site du cri de la girafe au sujet d’Étienne Tremblay, de la machine à mixer. J’aime beaucoup son énergie, les exemples variés qu’il propose, là aussi pour mixer/masteriser de la musique. On y trouve des choses très pointues, mais aussi des choses plus simples, comme cette vidéo sur le low cut:
Sur d’autres sujets, plus orientés vers la création vocale, on peut aussi écouter ce que fait Roomie, comme par exemple cette vidéo sur l’autotune :
Il existe plein de manières de travailler le son pour le studio. J’aime beaucoup le travail d’Andrew Huang, et la manière dont il se promène entre numérique et électronique (voir plus bas). Dans les vidéos qu’il propose, on trouve notamment ce petit défi lancé à des producteurs-youtubeurs, qui partent de la même banque de sons pour produire chacun un morceau différent :
Quand on devient un geek du micro et de l’enregistrement, on en arrive vite à repérer la chaîne Booth Junkie. On y apprend plein de choses sur les micros, sur la manière de traiter une cabine d’enregistrement, sur la manière de poser sa voix, d’utiliser un filtre anti-pop, … Les vidéos sont assez techniques, mais l’auteur est enthousiaste, dynamique, et je ne me lasse jamais de son travail.
Roomie (dont j’ai parlé plus haut) est un youtubeur qui raconte beaucoup de choses de sa vie de chanteur. Parmi ses vidéos orientées plus performances, il propose parfois du contenu autour de la captation du son, de la voix pour le micro :
Dans un style très différent, beaucoup plus ingénieur du son, on peut regarder la chaîne Sound speed, avec des vidéos comme cutting thru the mix, qui raconte les fréquences produites par la voix, captées par les micros, enceintes de monitoring, leur réponse, évoque la presbycousie, puis comment filtrer les fréquences pour garder la clarité d’une voix parmi un mix :
Dans les chaînes présentées jusqu’à présent, on aborde plus la question du mixage par une station de travail numérique (un ordinateur, quoi). Mais il existe plein de matériel électronique pour faire de la musique : synthétiseurs (modulaires ou non), oscillateurs, équaliseurs, filtres, etc.
Pour découvrir les pratiques actuelles, j’aime bien regarder ce que fait Andrew Huang, car il s’intéresse à la fois aux pratiques historiques, mais n’hésite pas à combiner dans sa pratique des machines plus récentes, et même l’ordinateur :
Alex Ball quant à lui est un fondu des synthétiseurs et instruments analogiques anciens, qui propose des démonstrations live de ses installations. Pour en prendre plein les yeux, et plein les oreilles :
True Cuckoo est un bidouilleur de son qui propose des vidéos sur plein de matériel, outils, délires autour du son et de la musique. J’aime son enthousiasme et sa curiosité délicate :
Si vous aimez la grosse bidouille, la soudure, les arduino et l’impression 3D, vous connaissez forcément Evan Kale. Ou alors allez voir ses vidéos, au rythme décoiffant, plein d’essais-erreurs, de tests, d’explorations, et de terribles réussites.
Il y a aussi Simon The Magpie, qui soude, casse, assemble, distord à peu près tout ce qui lui passe dans la main, en essayant d’être le moins politiquement correct.
Et si on continue d’explorer les limites de l’impossible, on tombe vite sur Look mum no computer, un grand malade qui assemble un maximum de machines qui ne sont pas des ordinateurs (ou du moins pas plus récents que des 486) pour faire du son… Qui sonne bien. Game boys, furbies, circuits maison, tout devient éléments de son énorme synthétiseur modulaire…
Avant de s’intéresser à la manière d’écrire de la musique, il est intéressant d’avoir les clés pour écouter et comprendre la musique existante. Parmi les chaînes youtube intéressantes sur la question, je trouve le travail de pvnova super accessible aux non experts. J’aime bien par exemple sa série expérience, qui raconte comment créer un morceau de musique actuelle, en s’imposant successivement 28 styles différents. Ça permet de décortiquer soigneusement ces styles musicaux, sous une forme vraiment ludique.
Andrew Huang, dont j’ai parlé plus tôt, anime une communauté très enthousiaste. Quand il s’intéresse à la composition, ça peut donner ça :
Dans un style plus pointu, et où l’on découvre la pratique quotidienne d’une compositrice-interprète, j’aime bien regarder le travail de Nahre Sol. Plein d’idées, et de propositions d’activités, comme par exemple ces exercices simples au clavier :
Il y a aussi Ben Levin, guitariste qui en met plein les yeux et les oreilles, qui sait emmener son auditeur dans une analyse fine de la pratique. Sur sa chaîne, on trouve des choses très variées, comme par exemple ce qu’est réellement écrire une chanson :
Adam Neely est aussi quelqu’un que j’aime beaucoup écouter. Il faut ici une bonne maîtrise du solfège pour comprendre pleinement ce qu’il explore. Ce n’est pas mon cas, mais j’y trouve tout de même mon compte. Je le trouve très bon vulgarisateur, il donne une bonne intuition des problématiques de la composition et des arrangements. Ici par exemple, il présente un travail de réharmonisation d’un morceau, pour que les accords traduisent l’intention émotionnelle du texte :
Enfin, j’aime écouter David Bruce, un compositeur qui raconte sa pratique, mais propose aussi de parcourir un grand nombre de registres et de thèmes de la composition. Il parle d’orchestration, de théorie de la musique, de rythme, d’instruments… On trouve sur sa chaîne plein de choses amusantes pour les geeks de la musique, comme cette vidéo dédiée à la question de la composition avec une seule note :
Il existe encore bien sûr une foule d’autres canaux pour découvrir cette question, sans doute des podcasts j’imagine. Si vous en connaissez que je n’ai pas cité, n’hésitez pas à les indiquer en commentaire, ça m’intéresse énormément !
Dans le cadre de la fête de la science, la médiathèque Hugo Pratt de Cournon d’Auvergne accueille l’explosition Electrosound. C’est jusqu’au 2 novembre 2019, foncez‑y !
Très bien pensée, interactive, l’explosition est composée de plus d’une dizaine de modules, chacun d’eux permettant de comprendre un aspect du son, avec une dimension très orientée musique. Les informations complémentaires sont mises en avant par un graphisme dynamique, qui perd parfois un peu l’œil, mais offre un ensemble visuel très attirant.
On y trouve par exemple une station de mixage, composée d’un logiciel multiplistes (reaper) accompagnée d’un contrôleur (Korg nanoKONTROL Studio). Chacune des huit pistes correspond à un élément du groupe de musique, ou est une piste d’effets. On se retrouve alors en contexte pour contrôler le niveau de chacune des pistes, à la manière d’un technicien son lors d’un concert.
On trouve aussi des modules orientés vers la découverte du son en général, avec une borne d’écoute agrémentée d’un écran, pour mettre en évidence des phénomènes amusants. Il propose notamment à l’écoute l’expérience bien connue de son binaural avec le salon de coiffure virtuel.
Un peu plus loin, on trouve un module quizz, qui permet d’écouter trois versions d’un même morceau, plus ou moins grossièrement encodé en mp3. Et il faut le dire, vraiment dur de déceler la différence à l’écoute rapide entre mp3 128, mp3 192 et wav non compressé !
Il y a quelques années, la découverte du travail de Murray Schafer sur l’écologie sonore avait intensifié mon intérêt pour l’écoute attentive du monde. Cette question du paysage sonore, produit par tous les éléments de la biosphère, de l’humanité, de ses machines, ça invite à se questionner sur notre écoute, et sur les moyens que nous avons d’y être attentifs.
Cette semaine à Clermont-Ferrand, deux rendez-vous permettaient de s’y confronter.
L’esprit des lieux est un film documentaire de Stéphane Manchematin et Serge Steyer, qui nous permet de tendre une oreille dans l’univers de Marc Namblard, un audio-naturaliste qui capte avec ses micros les sons du monde.
J’avais raté le film aux festivals traces de vies et longueur d’ondes l’année dernière, mais on m’en avait dit le plus grand bien. Et cette semaine, c’était la Jetée qui le programmait pour son heure du doc.
Pendant 1h31, on découvre progressivement le quotidien de Marc Namblard, sa pratique d’enregistrement de la forêt, l’importance de l’écoute dans son quotidien et celui de sa famille. À la fois très peu parlant quand on est sur le terrain, et au contraire plein de voix qui racontent le son pendant les séances d’écoutes, on est guidés dans la découverte des fréquences d’expression des animaux, dans les rythmes de la forêt et de ses habitants à poils et à plumes.
Pour celles et ceux qui aiment le son et sont attentifs au monde, cette promenade sonore est un véritable bonheur.
On en ressort aussi avec le sentiment d’avoir été guidés par les réalisateurs dans un monde paisible, parfois presque artificiel tellement tout semble bien se passer. C’est à la fois très beau, et un peu déroutant. Hors du temps, hors du monde.
Ce jeudi, dans le cadre de la fête de la science, astu’sciences proposait une conférence discussion, animée par Julien Martin, chanteur-vocaliste, et intitulée la voix humaine parmi les sons du monde.
L’amorce de la discussion a été la définition par le dictionnaire ou l’encyclopédie de la voix humaine, l’identification de limitations liées à cette définition (quid de la voix chuchotée, des clics)… Puis on a discuté d’harmoniques, de diction, de boucle audio-phonatoire. Comme des échos à notre proposition du samedi passé, mais aussi à quelques lectures passées, notamment autour de l’appareil phonatoire.
Une fois fixés sur le périmètre plus ou moins précis de la définition de voix humaine, Julien nous a amené·e·s à explorer les sons du monde, avec le même esprit d’écoute de la nature que celle racontée par le film l’esprit des lieux, et par le paysage sonore. On a parlé bandes de fréquences, niches phoniques, évolution, musicalité des chants. On a écouté une chauve-souris grâce à des transpositions, découvert les subtilités du chant d’une fauvette à tête noire grâce au relentissement de la bande. Puis on a fini par écouter une captation d’un chant de travail au milieu d’une forêt, les oiseaux et les humains se synchronisant en mélodie et en rythmes.
C’était riche, passionnant, et ça donne encore envie d’en voir plus. Ça tombe bien, je continue cet après-midi les ateliers coder la musique, cette fois-ci à la médiathèque Hugo Pratt de Cournon d’Auvergne.
Samedi dernier, nous proposions avec le cri de la girafe une animation sur le marché de Riom autour de la description du son, dans le cadre de la fête de la science. En quelque sorte une extension de l’atelier ch’ai faire, ch’ai dire.
Pour accompagner les participant·e·s sur la description du son, j’ai construit une affiche, en m’inspirant des idées développées pour l’activité de l’IREM son et mathématiques.
Nous avons tiré le poster au format A0, ce qui permet de voir tous les détails. Propagation du son, fréquence, intensité, spectrogramme, enveloppe, grain, … Les principaux ingrédients pour dire des choses sur le son. À télécharger depuis le lien Le son, qu’est-ce que c’est ? au format pdf.
Bien sûr, je tiens à la disposition de qui le souhaite la version source, au format svg. Je le mettrai prochainement en ligne, accompagné de la licence adaptée.
Voilà quelques années maintenant que je m’intéresse à la question du son, et à tous les livres qui traitent du sujet. En particulier, j’aime explorer la diversité des points de vue, des disciplines qui en parlent.
Je continue donc à partager quelques-uns des livres que j’ai croisé ces derniers mois.
C’est quelques semaines avant de commencer l’émission Léthargiques Substances Disparates que j’ai dévoré ce livre d’Andrea Cohen, qui reprend les grandes idées qu’elle a développé dans sa thèse de doctorat en musicologie. J’avais déjà dit ici que j’aimais le travail de Jean-Yves Bosseur, son directeur de thèse. On retrouve dans le travail d’Andrea Cohen la grande curiosité au monde de la musique, un travail d’exhaustivité, à la fois précis, compréhensible, et passionnant.
On parcourt avec l’autrice le XXe siècle, pour s’interroger sur les pratiques des compositeurs à la radio, sur les différentes formes que cela peut prendre, sur les contraintes et les possibilités liées au format. C’est clairement avec ce texte en tête que nous avons construit l’émission Léthargiques Substances Disparates…
Dans ce journal de la résidence du compositeur Nicolas Frize et des salariés de l’usine PSA Peugeot Citroën de Saint-Ouin, qui a mené au projet Intimité, on découvre la rencontre entre des ouvriers qui savent que leur usine va bientôt s’arrêter, et un compositeur passionné de son, et de rencontres humaines. On y lit la découverte de l’écoute, les mots pour dire le son, pour raconter un quotidien où le mot pénibilité existe…
Tacet, c’est une revue de recherche bilingue — tous les articles sont imprimés en anglais et en français — qui aborde les arts sonores sous toutes ces facettes. Elle est proposée par la Haute école des arts du Rhin et Les Presses du réel.
Le troisième numéro, l’espace sonore, a une couverture argentée. Il réveille en moi les doux souvenirs véhiculés par la collection ailleurs et demain. Les articles sont riches, divers, et explorent la question de l’espace sous tous ces angles. On y trouve des points communs avec Locus Sonus, dont j’avais déjà parlé ici. Le quatrième numéro traite des sonorités de l’utopie, et c’est grâce à un exemplaire croisé à Utopie Sonore 2019 que j’ai découvert la revue. Une manière passionnante de questionner le son, où plein de choses s’y croise. On y lit même un texte sur Pierre Schaeffer, qui pourtant semble loin de la question des utopies…
Sous-titré notes sur la radio, ce petit bouquin d’une soixantaine de pages fait parfois penser à un autre livre du même auteur, Le goût de la radio et autres sons, dont j’avais déjà parlé ici. Il s’agit là aussi d’un recueil de textes sur la radio, mais qui semblent plus personnelles. Aucune référence n’est d’ailleurs donnée, on se promène avec l’auteur dans ses réflexions autour de la radio et du son. C’est souvent drôle, et pour qui a pratiqué la radio, souvent très évocateur…
C’est François qui a ramené ce livre du Québec. Je ne connaissais pas Raôul Duguay, mais de l’autre côté de l’Atlantique, c’est une référence.
Ce livre, édité en 1971, raconte une histoire de la musique contemporaine, vue depuis le Québec, où la musique d’improvisation et le jazz libre semblent avoir une part importante. Les articles sont parfois très techniques, souvent passionnés. Une curiosité pour un lecteur européen.
Comme chaque année, les laboratoires, universités, associations scientifiques se mobilisent en octobre à travers la France pour organiser des événements à destination du grand public avec une idée clé : faire découvrir les beautés de la science.
Depuis le début de mes activités universitaires, j’y ai peu participé. Mais cette année, plusieurs éléments m’ont poussé à proposer des ateliers.
Tout d’abord, l’association Asctu’science a choisi cette année comme thème Raconte le son. Et ça fait un paquet de temps que je m’intéresse à cette question. Et puis avec les différents projets qui émergent dans la trace de Compas, j’ai très envie de raconter des choses au sujet de la cartographie, et de l’accessibilité.
Alors voilà le programme !
Coder la musique, c’est un atelier qui sera proposé le samedi 5 octobre à la médiathèque de Riom, et le samedi 12 octobre à la médiathèque de Cournon d’Auvergne. Il s’agit de l’atelier mathématiques et musique que nous avons conçu l’année dernière à l’IREM de Clermont, dans le groupe Informatique sans Ordinateur, et qui sera bientôt proposé sur le site de l’Institut pour les enseignants de primaire et collège.
En quelques mots, il s’agit d’explorer ce qu’est un spectrogramme, comment on le lit, et comment c’est lié à la musique, à la hauteur des notes, à leur durée, etc. C’est scientifique et ludique, et on fini par un petit concert de boomwhakers !
Ch’ai faire, ch’ai dire, c’est un atelier imaginé avec Théo du cri de la girafe, que l’on avait notamment proposé à Utopie Sonore 2017, et auprès d’un public de jeunes déficients visuels.
Dans cet atelier, on explore le vocabulaire qui permet de décrire le son, en construisant collectivement un corpus de mots, les plus précis et compréhensibles possible, en s’inspirant au besoin s’inspirant des travaux de Schaeffer. Puis on cherche à décrire avec cet outil tous les sons du monde.
Cette fois-ci, on a proposé aux copines de la compagnie portée de parole de nous rejoindre, pour proposer une version au cœur du marché de Riom, le samedi 5 octobre. Ce sera une version sans électricité, mais où on invitera tous les participants et participantes du marché à participer, pour finir par une criée de restitution…
À l’occasion de la nuit de la géographie en 2018, nous avions déjà eu l’occasion d’organiser une cartopartie sur l’accessibilité, avec Gauthier, doctorant du projet ACCRIL. Cette fois-ci, on se focalise sur le campus universitaire, et on se questionnera sur l’accessibilité des bâtiments : est-elle bien cartographiée dans OpenStreetMap ? Et d’ailleurs, que peut-on représenter dans l’état actuel des pratiques de cette base de données ?
Cet atelier est proposé en étroite collaboration avec l’UMR Territoires, dans le cadre du projet MSH HACCEScol, où la question de l’accès à l’éducation est questionnée d’un point de vue géographique, géomatique, et législatif.
Bien sûr, je ne suis pas le seul à proposer des activités, et partout en France, vous trouverez des activités passionnantes, du 5 au 13 octobre à travers toute la France, et en particulier à l’Université Clermont Auvergne, et dans le programme d’Astu’sciences.
Cela fait presque quatre ans maintenant que nous avons lancé avec Laurence et Dominique le collectif ADVOX, avec cette envie commune de participer à rendre accessible à toutes et à tous les propositions culturelles qui nous entourent.
En particulier, nous avons commencé très tôt à explorer les possibilités de l’audiodescription, pour rendre accessibles les œuvres contenant de l’image à des spectateurs et spectatrices qui ne verraient pas. On pense bien sûr aux personnes déficientes visuelles, qui sont bien sûr les premières destinataires de ces augmentations de contenu, mais on peut aussi penser à des automobilistes qui voudraient écouter un film, et plus généralement à la démocratisation de l’écoute de podcasts.
L’audiodescription, c’est le moyen parfait pour la radio de donner accès à un tableau, un film, une pièce de théâtre…
Cette année, nous reprenons donc avec ADVOX l’animation de l’atelier du Service Université Culture dédié à l’audiodescription. Une année pour une quinzaine d’étudiants et étudiantes à découvrir cette pratique. Et il faut dire que c’est passionnant, tant cela sollicite un large spectre de pratiques : analyse des intentions des auteurs/autrices, construction d’un corpus de vocabulaire précis et adapté, construction d’un texte respectant la progression de l’œuvre et l’objectivité nécessaire, travail sur la manière de poser sa voix, enregistrement, montage puis mixage.
Cet été, je participais à Utopie Sonore, et Laure m’a proposé d’intervenir à l’antenne de RUSE48 pour raconter un peu de cette pratique, au cœur d’une émission qui parlait de music-hall et de la musique sud-américaine. Anaïs a commencé à mettre en ligne les émissions réalisées pendant ces 48 heures d’antenne, alors vous pouvez maintenant écouter notre proposition.
L’audiodescription, on en parle à partir de la seizième minute, et on s’appuie sur un exemple concret, le clip d’une chanson d’amour, Cómo Te Voy A Olvidar, de Los Ángeles Azules :
Depuis quatre ans que je participe à Utopie Sonore, j’apprends peu à peu à mieux connaître les initiateurs et initiatrices Nantais·e·s. Parmi eux, Fred et Anaïs sont des bidouilleurs de son et d’idées, qui n’hésitent pas à discuter de chaos et d’entropie vers 3 heures du matin, quand tout le monde part se coucher.
Alors quand ils m’ont proposé de se joindre à leurs échanges face au micro, j’ai couru. Anaïs tenait l’enregistreur, et avec Fred on s’est lancé dans ce doux jeu qui consiste à sauter d’un concept scientifique à l’autre, pour construire une histoire qui traverse mathématiques, informatique, physique… Et puis Emma a proposé une texture sonore riche, qui évoque ces questions qui ont croisé notre discussion. Anaïs et Iris ont torturé, assemblé, cousu ces bouts de discussion pour en faire un son, diffusé pendant RUSE48.
Dans Désordre salutaire, on parle de générateurs aléatoires, de lancés de dé, d’ailes de papillons, de gaz qui se mélangent, et de fractales de Mandelbrot…